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Fraîchement débarqués, ils racontent leur arrivée au Canada
Fraîchement débarqués, ils racontent leur arrivée au Canada

Le Figaro

time28-07-2025

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Fraîchement débarqués, ils racontent leur arrivée au Canada

Ils sont des milliers de Français à débarquer chaque année au Canada, avec parfois peu de connaissance du pays. Seuls, en couple ou en famille à naviguer entre les différents titres de séjour : permis d'études, jeune professionnel, permis vacances-travail (PVT), jeune travailleur, permis fermé via un employeur, etc… Arrivés depuis deux ans dans un Canada modifié à la sortie de la pandémie, quatre d'entre eux racontent leurs impressions. Le premier choix est souvent : Canada anglophone ou francophone ? Le Canada anglophone est prisé pour progresser en anglais, mais le Québec a des aspects plus rassurants au début pour être plus à l'aise au travail ou dans la vie de tous les jours. Mais pour Rodolphe Desobry, 28 ans, importateur dans le vin, c'est avant tout une question professionnelle qui l'a guidé vers Montréal. «Cela me paraissait un bon endroit pour apprendre la dimension internationale de ce secteur d'activité», explique-t-il. La société publique qui commercialise l'alcool au Québec (la SAQ) est le premier importateur de vin français au monde. Après une première année en Volontariat international en entreprise (VIE) dans une structure française, il poursuit avec un PVT, d'abord avec un petit boulot, puis il trouve dans une agence d'importation d'alcools. «Je sens qu'il y a un peu ce passage obligé par une expérience labellisée canadienne, qui revient parfois à reculer pour mieux sauter : faire ses preuves quelques mois dans l'entreprise à un poste moins qualifié à ce qu'on avait en France, puis progresser dès qu'il y a une opportunité», partage-t-il. Le jeune homme se voit bien rester quelques années encore, la principale complication pouvant venir des règles québécoises d'immigration, dans certains cas plus stricts qu'ailleurs au pays. «Être bilingue, ça a de la valeur» Eléonore Mouly, elle, n'a pas été retenue au tirage au PVT, après un visa étudiant pour une reprise d'études à Toronto. Cette franco-thaïlandaise de 28 ans, qui a grandi à Bangkok et étudié le marketing en France, avait néanmoins l'ambition de travailler au moins quelques années en Amérique du Nord, avec le sentiment qu'il y avait de bonnes opportunités professionnelles. Conseillée par une avocate en immigration, elle découvre que grâce à son niveau dans les deux langues et son diplôme, elle peut postuler à l'Entrée express, un programme qui favorise la présence de francophones en Ontario pour accéder à la résidence permanente, «la solution la plus simple, qui me donne le droit de rester 5 ans », dit-elle. De quoi voir venir. Malgré une attente de plusieurs mois, lors de laquelle elle ne peut travailler qu'avec une petite activité d'indépendante, « difficile à développer au début», elle décroche le précieux sésame. Et dans la foulée un emploi en tant que graphiste dans une entreprise de cannabis thérapeutique. Dans son domaine, «très compétitif», elle estime que «le français n'est pas un atout». Au contraire, Daniella Lowa s'est rendu compte que son anglais était trop juste pour être complètement à l'aise toute la journée au téléphone, dans un métier de vente et de conseil. Arrivée en PVT et sans boulot en janvier 2025, elle trouve son premier emploi dans une société de crédit en intervention médicale en deux mois. Elle a tiré son épingle au moment où «les conseillers bilingues sont partis» et elle a hérité du «portefeuille francophone» de clients. Après avoir écumé les nombreux groupes de réseautage, c'est finalement sur un groupe de francophones à Toronto qu'elle déniche cette offre. Et un salaire «qui en France serait au SMIC est ici à 2000 euros». Au niveau du management, «on est plus indépendant qu'en France, mais on attend des résultats dès le début», observe-t-elle. La jeune femme compte suivre des cours d'anglais pour se perfectionner et évoluer. Elle en est convaincue, en particulier dans le monde bancaire et financier où beaucoup de services sont obligatoirement dans les deux langues, «être bilingue, ça a de la valeur». Un aspect multiculturel Isabelle Guyomard est quant à elle arrivée en famille depuis Lyon, avec trois enfants de 7, 12 et 15 ans, dans le cadre d'une mutation temporaire de son mari dans un groupe pharmaceutique français. Une grande première à l'étranger pour tout le monde. Pour elle, le déménagement a été «un changement de mode de vie ». Pour trouver une grande maison, la famille s'établit dans la banlieue de Toronto, où tout se fait en voiture. Un changement radical par rapport au centre-ville lyonnais dont elle avait l'habitude. «La vie est très centrée sur le bien-être des enfants», remarque-t-elle, ce qui est aussi «un vecteur d'intégration». La mère de famille, qui a quitté son emploi, se compare aux «hockey mum», ces mamans qui conduisent leurs enfants partout entre entraînements et compétitions de hockey sur glace. Les enfants ont justement été scolarisés au Lycée français de Toronto, pris en charge par l'entreprise, afin de garder la même progression scolaire et «ne pas trop les déraciner». Ces derniers découvrent un établissement cosmopolite où en fait «30 % des élèves viennent de France». Après quelques mois «pour l'atterrissage» et un premier hiver de passé, Isabelle se met en quête d'un emploi dans la communication, entre réseautage et candidatures aux offres publiées. Après huit mois, un de ses enseignements est que «l'anglais n'est pas une frontière pour venir», tant tous les accents et niveaux se côtoient. Installée entre un quartier juif et philippin, la famille découvre le côté multiculturel et communautaire du Canada à travers de nombreuses célébrations et événements. Alors qu'une expatriation dure en général 3 à 5 ans, Isabelle pense que les choix au-delà, rester ou partir, se feront «en fonction des études des enfants». Un coût de la vie plus élevé qu'en France Parmi les éléments qui les ont frappés en arrivant, les quatre Français mettent tous en avant «le coût de la vie», plus élevé qu'en France. Et cela concerne aussi bien le téléphone, que les courses alimentaires, les sorties, les voyages, ou les frais de santé, selon la protection que propose le travail. «À part l'essence», pointe Isabelle. Ainsi, au rayon des conseils, figure celui d'avoir de l'argent de côté en arrivant, surtout lorsque l'on débarque sans emploi. Rodolphe, glisse aussi qu'il est opportun de «savoir quelle est vraiment la différence entre le Québec et le Canada» pour ne «pas faire de grosse gaffe». Le jeune homme apprécie les horaires de travail, bien différents : «à 8h30 les gens sont au travail mais à 17h30 maximum, il n'y a plus personne», avec une pause déjeuner plus courte, et de longues fins de journées pour courir ou arpenter les patinoires en plein air l'hiver. Une grande différence avec «le rythme parisien», bien plus tardif, qu'il a connu avant. Même si en contrepartie, cela veut dire moins de vacances, souvent deux à trois semaines dans les entreprises au début. Malgré l'importance d'arriver un minimum préparé, Daniella, qui avait «deux mois pour tenir» avec son PVT pense néanmoins qu'il ne faut pas trop tergiverser ou hésiter, pour ne pas nourrir de regret. «Au pire, si ça se passe mal, tu rentres !», relativise-t-elle. Pour d'autres Français arrivés depuis plus longtemps, les premières années sont souvent enthousiasmantes, mais c'est plutôt vers 4 ou 5 ans au Canada que certaines désillusions apparaissent : difficulté à mieux se loger, stagnation professionnelle, difficulté à établir certaines relations de long terme... Et que la question de rester se pose différemment.

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